POUSSER UN CRI

La première chose que j’ai faite en arrivant au monde, c’est crier. Seulement, je ne me souviens plus si c’était pour exprimer de la joie, de la surprise, de la douleur, de la terreur, du plaisir, de la victoire ou encore de la révolte. Ne sachant à quelle occasion je pouvais le sortir, je l’ai longtemps réprimé. J’étais bien trop fatiguée pour m’en préoccuper. Si bien qu’un jour, il m’a échappé.
Il était si fort, si violent, que je suis restée abasourdie ; me demandant comment il avait pu, lui d’ordinaire si discret, se livrer à un telle fureur.
Je l’ai sommé de rentrer, mais il a refusé ! Lorsque je lui ai demandé pourquoi ? Il a répondu que je l’avais trop longtemps contenu et qu’il n’en pouvait plus. Il avait fait trop de chemin, il venait de très loin, avait enflé, enflé jusqu’à exploser.
Je lui ai présenté mes excuses, ai supplié son pardon. Je n’avais jamais appris à crier sciemment. Il a accepté à condition que je le laisse aller et venir quand le besoin s’en ferait sentir. J’opinai sans réserve, trop contente de combler enfin mon ignorance.
Aussi, lorsque des déserts de silence arrivaient jusqu’aux portes de mon ennui, je poussais un cri. Oh, je le poussais timidement d’abord pour voir quel effet cela faisait, puis un peu plus fort pour faire du bruit.
Plus je pratiquais, plus je m’enhardissais. Je les essayais tous. Les cris de détresse, les cris d’enthousiasme, les cris de guerre ! Je les modulais, allais jusqu’à les prolonger. J’étais enivrée. Je les réclamais tous à cor et à cri. Ma fatigue, envolée !
Ce jour là, j’avais compris que l’on n’est jamais autant en vie que lorsque l’on pousse un cri.
Le cri est salvateur, ne l’empêchez pas de s’exprimer.

Allez-y vous aussi. Où que vous soyez, poussez un cri !

LE CRI D EDVARD MUNCH

TOUS LES CRIS LES S.OS Daniel Balavoine

24 commentaires sur “POUSSER UN CRI

Ajouter un commentaire

  1. Oui c’est vrai que c’est bien de crier! Après faut pas que ça fasse peur aux autres non plus! 😉 Merci pour ton texte!

    J’aime

  2. Très belle chanson Nadia, j’aime beaucoup…et tes mots s’enroulent tout autour. Un cri trop souvent et longtemps réprimé…il vient de loin si souvent et parfois on ose pas le laisser s’échapper, un peu par peur et beaucoup parce que cela dérange le confort des bones gens. Pourtant, ce cri est la voie de la délivrance si souvent. Merci ma belle et bravo pour ce texte si bien écrit. Gros bisous, Delvi.

    J’aime

    1. Merci beaucoup Delvi. Très touchée. Tu as raison, cela dérange et on oublie trop souvent de le faire et pourtant en ce moment, il y aurait de quoi pousser un énorme cri ! Gros bisou

      J’aime

  3. Merci Nadia. J’ai toujours été adepte du cri, je le poussais jusque dans mes rires. Mais à force de crier au loup… En tout cas, j’adore ton style, la personnification, la progression. Magnifique texte, merci beaucoup! BIses!

    J’aime

  4. Bonjour Gaïa, ma curiosité c’est éveillée et lisant un de tes com chez mon amie Élisabeth, je viens donc en curieux et je trouve un endroit sympa où il fait bon flanner, je reviendrais. Ou, le cri est salvateur ! Connais-Tu le cri du Loup le soir au dessus des joncs ? 😉

    Amical bonjour d’un Loup Provençal 🙂

    J’aime

    1. Bonjour Loupblanc04 ! Merci pour le commentaire, cela me touche beaucoup. Elisabeth est extraordinaires et ses amis sont les bienvenus ici. Je connaissais le cri des cormorans le soir au-dessus des jonques, mais pas celui des loups. Ca donne quoi
      😉 J’ai visité ton site et j’ai bien apprécié aussi. Je reviendrai moi aussi.
      Excellent week-end ! 🙂

      J’aime

  5. Magnifique article …..
    Pour ma part, je suis très sensible aux cri des bernaches ( oies sauvages ) , lorsqu’elles nous quittent à l’approche de la saison froide, et qu’elles reviennent au printemps …
    J’en pleure à chaque fois ….

    J’aime beaucoup ton blog Gaïa …
    À bientôt ….
    Amitiés
    Manouchka

    J’aime

    1. Merci Madeleine, je suis très touchée. J’aime aussi beaucoup le tien. Ton témoignage sur le cri des oies sauvages est très poignant. Ce doit être impressionnant et j’imagine ton émotion. Ma mère avait gardé le souvenir de celui des cigognes. 🙂
      Bises !

      J’aime

Laisser un commentaire

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑