Intro à ma life fiction ! Je n’existe pas vraiment, mais j’existe par le verbe et je vais tout dire.

Bonjour, je m’appelle Ella Katoudir et je vais polluer votre boîte de réception neuronale pour vous raconter ma vie. Je vais devenir une « squatteuse de l’encéphale », pour reprendre les termes d’une ancienne cliente.
Je ne suis pas un spam, je suis juste une invitation au voyeurisme. Vous avez toujours rêvé de savoir ce qui se passe chez le voisin une fois qu’il a refermé sa porte ?
Je mets sur la table tous les gros dossiers. Je me déshabille pour satisfaire votre curiosité. Je vais tout vous dire, sans tabou. Je vais laisser glisser la bretelle de mon ennui sur les synapses de mon cerveau.
Qui n’a pas eu envie un jour de tout dévoiler sans se soucier du qu’en dira-t-on ?
– Je ne t’aime pas, tu m’entends ? J’aime pas ta gueule, ta façon de bouger, ta façon de penser. Tu penses tellement fort que ça transpire, ça dégouline sur mes humeurs matinales et ça me fout le bouilli. C’est pas facile d’être soi en fait. De dire le fond de sa pensée parce qu’on sait pas vraiment jusqu’à quel point elle est profonde et qu’on a peur de jamais toucher le fond. Y a ce putain de nombril qui tiraille sans cesse du côté de l’ego et qui te rappelles éternellement que tu dois être unique ou ne pas être. Ouai, c’est ce qu’on dit toujours. Il a du charisme, elle est effacée. Politiquement correct. C’est quoi cette phrase à la con ? C’est synonyme de diplomate ? Moi, le seul que je connaisse, je l’achète à la pâtisserie et je le bouffe. On voudrait tous être original, unique parce qu’on l’a été une fois dans le ventre de notre reum. Quel est le con qui a dit qu’il fallait toujours être au top, le meilleur, l’élite ? De quoi, d’abord ? Quand tu t’écrases comme une merde et que tu meurs, c’est quoi la différence entre toi et les autres ? L’élégance avec laquelle tu passes l’arme à gauche ? Tu crèves, t’es plus rien, point barre ! On est tous voués à disparaître mais on voudrait le faire avec panache, histoire qu’on ne nous oublie pas. Faut pas louper la sortie, sous peine d’être taxé de looser. Rater sa vie, oui. Rater sa mort, c’est trop con, tu peux plus te rattraper après.
C’est trop jouissif de se dire qu’on peut écrire ce qu’on veut sans censure, sans imaginer un destinataire. Pas d’enjeu, pas de séduction factice. Il va falloir cohabiter. Cohabiter, quel vilain mot. Il sonne comme un pis aller.
En même temps, quand je dis que c’est chouette de s’exprimer sans tabou, c’est quand même avec le masque du pseudo. Oscar Wilde disait en gros que si on prêtait un masque à autrui, il devenait lui-même. Confortable, il est aussi légitime qu’une bonne cuite. Tu peux pourrir tout le monde, on mettra toujours ça sur le compte de l’alcool. On est obligé de s’enduire d’une couche de bienséance avant de péter.
Bref, entrons dans le vif du sujet. Bienvenue à egoland puisqu’il va s’agir de moi, moi et moi. Mais dans le fond, je traiterai de vous, vous et vous parce tout le monde pourra se reconnaître dans le récit. Je ne vais pas y aller avec le dos de la cuillère, je vais vous maltraiter en vous racontant n’importe quoi et si c’est insupportable, vous n’aurez qu’à pointer la zapette sur « delete ». Vous êtes installé ? Ok, je commence bientôt. Ne soyez pas en retard.