Paysage urbain (slam)

PAYSAGE URBAIN

 Je viens vous parler de mon quartier dit sensible… à la poésie,

Puisqu’ ici, on écrit sur les murs des graffitis.

Les mots fleurissent sur le béton, les lignes courent sous la lumière crue des néons.

Je suis issu d’ une population agglomérée hors agglomération.

Ma cité est  une fleur de granit montée sur tige d’ acier, qui s’ épanouit

dans une jungle de structures métalliques,

Où la nature qui palpite et s’ agite, obéit aux lois de l’ arithmétique.

Je vous offre une vue imprenable sur logements à géométrie variable,

Vastes pitons rocheux dont la gamme de gris s’ étend en camaïeu.

Latitude, longitude, rectitude, habitude, crédo des grands ensembles

Organisés, hiérarchisés, sous l’ économie de la pensée.

Je vous offre un terrain presque vague, un paysage mélancolique,

Où s’ enroulent les tags, dans un monde asymétrique.

Où la misère de l’ un ouvre sur la misère de l’autre.

Une foule bigarrée dans la cage d’ escalier partage des accents d‘ailleurs,

De la promiscuité des voisins de palier, naît une explosion d’ odeurs.

Et au sommet de ces tourelles, une sarabande de paraboles,

Nichées comme des soucoupes folles, forment une guirlande de soleils blancs

Dans le ciel de ma citadelle.

Les linges pendent aux fenêtres ; patchwork de couleurs flottantes.

Les mères piaillent aux balcons, comme les hirondelles trissotent sur les margelles.

Au milieu de ces grands vestiges, les paysages ont le vertige.

Vu d’ en haut, ma cité à l’ ossature d’ un vaisseau.

Vu d’ en haut, ma cité à l’armature d’ un piano

dont on extrait une gamme d’images,

Allant des plus aigües aux plus graves.

Je viens vous parler de mon quartier pour que dans vos cœur,

le temps d’ un slam, il puisse exister.

Nadia Bourgeois

Slam écrit pour le spectacle du Printemps des Poètes d’ Andernos de  mars 2011, sur une musique du Japonais D.J Crush. »day’s end »

6 commentaires sur “Paysage urbain (slam)

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  1. Beaucoup de contemporains
    Se plaisent dans un urbanisme,
    Déserté par l’humanisme,
    Espérant la mort en vain.
    Devant leurs télévisions
    Pour des vacances d’illusion,
    L’attente des fins de semaines
    D’une loterie nationale,
    D’un peu de centre commercial,
    Procure l’oubli de ces peines.

    Ils rêvent sur le rail d’enfer
    D’une plus jolie confiture.
    Devant cette vie sans nature,
    La fatigue mande un transfert.

    Fini, salut les copains !
    Mouvements sans lendemains !
    Certains délinquants puérils
    Dans les quartiers, en chantant,
    Feront plus tard des enfants,
    D’autres révoltés juvéniles
    Les symboles de l’injustice
    Attisent le flambeau du lice.
    Seul ou en tribu contre l’ordre,
    Sans cesse, la guerre recommence
    Et S’oppose par la violence.
    Le chien loup ne sait que mord.

    Vive le slam. Bonne Année Nadia.

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  2. on apprend à aimer ton quartier , ces habitants de toutes origines et on s y trouve bien dans cette cité qui respire lentement et qui nous transporte
    tes mots donnent de la couleur à un lieu gris magnifique

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