Deuil clandestin

Deuil clandestin

La nuit confidente aux longues dents piquées d’étoiles, mord l’archipel de mes insomnies. Je déborde et m’enfle du lait de ses rivages endormis.

Une voile pâle hérisse mon destin, une lame vague fend mes incertitudes et je déferle, aride, confinée, solitaire, sur le récif des vanités de l’ombre. Epave dérivante, je m’écueille en constellations, petits bouts de moi écorchés.

Le cœur humide, l’espoir en éventail, je m’arrime à une écume de désirs lointains. Me viennent alors des songes incertains. L’horizon exhale un souffle vermillon sur mes fantasmes inavoués. Te retrouver, mon âme.

Des notes consolantes s’insinuent dans ma bouche. Elles sont couleur allègre, ont le goût farouche de l’insolence, me tissent un pont coulant, me ramènent à l’ici, en un lieu où les mots alanguis murmurent à mon oreille, ici est la vie.

C’est là que je m’insoucianterai désormais, renouant avec fougue les liens de mon humanité. Je te sais un espace où ton souvenir bat encore, où ton rire d’enfant sonne comme un trésor. J’en détiens la carte, le compas se déride, se cabre, s’impatiente, se plante et se fige en moi, là où les pulsations rythment mes joies. Je t’ai trouvé, je sais, tu es là où je t’ai laissé, près de mon cœur assoupi.    

© Nadia Bourgeois

Crédit photo : J. M. W. Turner, Fort Vimieux, 1831, huile sur toile, 71.1 cm x 106.7 cm, collection privée © Wikimedia Commons / J. M. W. Turner

12 commentaires sur “Deuil clandestin

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  1. Aqua r’ailes couchées
    la marée-basse ballotte ses coques vides que le souvenir charge
    Turner enveloppe comme une araignée de son liquide l’espace où l’horizon persiste en tant que port cherché…

    Attachant écrit où la présence tient dans un monde néantisé.
    Merci

    N-L

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour et désolée pour le retard et merci pour votre message. Oui, c’et assez impressionnant et en même temps, il y a toujours une lumière dans son traitement. Elle accompagne le mouvement, elle est subtile. Certains tableaux me donnent le sentiment qu’il peignait à travers une lentille car cette lumière prend un aspect circulaire.
      Bonne journée et merci de votre passage, je vais aller découvrir votre blog.

      Aimé par 1 personne

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